HypnoFanfics

On croit tous qu’on a tout le temps du monde devant nous. Ou du moins, nous aimerions tous l’avoir. La vie nous joue parfois de vilains tours et il est trop tard quand on prend conscience que l’on a passé notre vie à repousser toutes sortes d’échéances et que l’on est passé à côté de tant de choses. Les bonnes comme les mauvaises choses font parties de nous, nous construisent, nous définissent. Parfois aussi elles nous achèvent et achèvent notre entourage. Comment annoncer aux gens que l’on aime que l’on va mourir ? Que l’on est désormais un de ces produits que l’on trouve au supermarché, un de ces produits avec une date d’expiration ?

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« Vous aviez raison Dana. Vos résultats sont alarmants. »

Le Docteur Bardock fit une pause. Il détestait annoncer de mauvaises nouvelles mais ce qu’il détestait par-dessus-tout était de les annoncer à des confrères. Avec eux pas moyen de mentir ou d’enrober la vérité. Ils sauraient que vous leur mentiez.

« Vous avez un cancer. Un cancer naso-pharyngé. C’est une des formes les plus rares de la maladie. C’est aussi l’une des plus difficiles à combattre. »

Il n’y a pas de bonne façon ni de bon moment pour annoncer à une personne qu’elle est malade. Gravement malade. Et il y a encore moins un moment propice pour lui apprendre qu’elle va mourir. Dana en était bien consciente mais elle aurait tant aimé qu’il lui dise la vérité autrement. Comment, elle ne savait pas. Ou plutôt si : elle aurait préféré ne jamais l’entendre. Ne pas être malade et ne pas avoir cette conversation. Elle savait qu’il lui parlait d’égal à égale, de confrère à consœur mais elle aurait préféré qu’il ne le fasse pas.

« Est-ce que l’on peut traiter la tumeur ? Ou bien l’enlever ?

- Pour être tout à fait honnête, reprit le médecin, votre tumeur est très mal placée et donc inopérable. Un seul faux pas et vous pourriez mourir sur la table d’opération. Quant au traitement, une fois encore c’est la localisation de la masse cancéreuse qui l’empêche. Nous pourrions mettre en place des séances de radiothérapie mais sans garantie qu’elles aient de l’effet. Ce qui m’inquiète le plus est la possibilité pour la tumeur de se multiplier et de voir des métastases migrer dans votre cerveau. Si ce cas de figure venait à se produire, il y a très peu de chance de survie. Je suis désolé. »

Ces trois mots résonnaient dans la tête de l’agent fédéral. Annoncer des mauvaises nouvelles était leur gagne-pain à tous les deux mais il y avait longtemps qu’elle n’avait pas réellement pris conscience de l’absence de sens de ces mots quand ils étaient prononcés par un professionnel de la santé. Est-ce qu’elle aussi laissait cette impression amère aux personnes auxquelles elle annonçait le décès d’un proche ?

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Elle commençait à regretter d’avoir appelé Mulder pour qu’il la rejoigne à l’hôpital mais elle ne voulait pas rester seule. Pas maintenant. Elle avait besoin de quelqu’un sur qui se reposer. De quelqu’un qui ne fondrait pas en larmes en apprenant la nouvelle. Elle avait besoin d’un cobaye à qui annoncer qu’elle était mourante pour savoir comment s’y prendre avec sa mère. Et puis, Mulder devait le savoir. Il devait savoir qu’elle vivait avec la crainte de développer un cancer depuis le jour où elle avait croisé le chemin de femmes qui, comme elle, avaient été enlevées par des extra-terrestres à la solde d’une faction du gouvernement avant d’être victimes d’expériences. Comme elles, Scully avait découvert être porteuse d’un implant métallique d’origine inconnue qui, une fois enlevé, semblait favoriser l’apparition d’un cancer. Et plus précisément d’un cancer naso-pharyngé.

La seule chose dont elle avait peur était sa réaction. Elle craignait qu’il ne prenne très mal la nouvelle et cherche par tous les moyens à la sauver. Oh, elle apprécierait le geste mais elle ne voulait pas lui donner de faux espoir. Elle ne pouvait pas lui faire ça. Soudain, sans qu’elle sache trop bien pourquoi, elle se rappela d’un article qu’elle avait lu à l’Université et qui traitait des conséquences résultant de l’annonce d’une maladie ou d’une agonie. Certaines personnes pleuraient, d’autres perdaient l’usage de la parole, d’autres encore se répandaient en excuses et d’autres cherchaient à combattre l’inévitable en niant la réalité. Elle était certaine de pouvoir ranger son partenaire dans cette catégorie. C’était pour ça qu’elle avait décidé de devenir médecin légiste : pour ne pas être confrontée à cette situation. Les morts avaient l’avantage d’avoir déjà vécu et elle trouvait plus simple d’annoncer un décès qu’une maladie. La mort, au moins, était définitive. Elle n’éveillait pas d’espoir, un faux et fol espoir de survie. Les morts ne risquaient pas de fondre en larmes devant vous parce que vous leur annonciez qu’ils étaient décédés !

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Du temps. Dana donnerait n’importe quoi pour en avoir plus. Elle se rendait compte seulement maintenant d’à quel point elle avait regardé sa vie défiler sans la vivre vraiment. Elle n’était pas mariée, n’avait même pas de conjoint, n’avait pas d’enfant et avait mis des années avant de trouver sa voie. Elle aurait dû prendre le temps de se poser, de fonder une famille, d’envisager l’avenir mais elle n’avait pas eu le temps. Non, elle n’avait jamais pris le temps de le faire. Et maintenant elle le regrettait sincèrement. Elle le regrettait d’autant plus aujourd’hui que sa mère allait perdre sa seconde fille et qu’elle allait laisser Mulder seul. Elle avait parfaitement conscience d’être sa boussole, son point de repère, celle sur qui il pouvait compter, celle qui le défendait et le couvrait. Elle savait qu’il se sentirait coupable de ce qui lui arrivait et que sa maladie le toucherait autant qu’elle si ce n’était plus. Après tout, c’est parce qu’elle travaillait avec lui et était son amie qu’elle était devenue une victime. Il ne se pardonnerait jamais de l’avoir conduite aux portes de la mort. Elle voudrait tant avoir le temps de l’aider à découvrir la vérité sur l’enlèvement de Samantha ! Elle voudrait aussi avoir le temps de prouver à tous qu’il n’était pas aussi étrange qu’on le croyait, qu’il pouvait aussi être un homme parfaitement sensé. Elle voudrait même avoir le temps de le laisser la convaincre que les petits hommes gris et le paranormal existaient réellement ! Et plus que tout elle souhaiterait avoir le temps de l’aimer. Une larme roula sur sa joue. Qu’est-ce que le temps quand on en a plus ?

FIN

sanct08  (28.11.2021 à 18:14)